Le jeune homme était là , étendu sur la route
Les bras en croix, tué, mort sur le coup sans doute
Sa moto n'était pas qu'un amas de ferraille
Etalant tout au long du fossé ses entrailles
Il m'avait doublé un instant auparavant
J'avais dû me rabattre pour le laisser passer
On est seul au monde quand on dompte le vent
A présent, sans crainte, il regarde le soleil
Les lamelles d'argent ne peuvent le blesser
Et mon appel ne peut atteindre son sommeil
Je lui ferme les yeux et lui ôte son casque
Ses cheveux noirs bouclés tombent sur ses épaules
Son front a frémi sous la brise qui le frôle
Il dort, oui, et la mort lui épargne son masque.
Je suis près de l'enfant, loin du temps et des villes
La paix me pénètre qui émane de lui
Bel enfant de cuir noir, qu'il est doux ton sourire
Parfois si arrogant, à présent si tranquille
Sur les ailes du vent apprend-on à mourir?
J'envie ton sourire, petit, face à la nuit.
Je vous envie aussi, jeunes du temps présent
J'aime vous voir chevaucher vos fiers alezans
Le monde est pétrifié et cloué dans sa torpeur
Comme une oie engraissée qui bouffe et qui a peur
J'aime sous vos heaumes vos regards d'échassiers
Et le boucan grisant de vos poneys d'aciers
Soyez fiers et libres et terribles aussi
Dans ce monde trop vieux, de vieux moutons aveugles
Vivez debout, jamais à genoux ou assis
Indifférents à ceux qui hurlent ou qui beuglent
Je vous le dit, enfants, vous n'êtes qu'à vous-mêmes
Et non à vos parents, non à la société
Ne leur ressemblez pas, vivez votre bohème
Buvez votre liberté jusqu'à sassiété
Libérez de votre corps des horizons cachés
Ecrivez un nouvel et sublime évangile
Délivrez la terre des interdits débiles
Effacez du plaisir, l'étiquette "pêché"
Scandalisez sans peur les rats de la paroisse
En libérant Eros de son cachot infâme
Tuez tous les tabous et vous tuerez l'angoisse
Libérez vos corps et vous sauverez vos âmes
Mais pour toi, bel enfant, la route est terminée
Le soleil disparaît, il se voile la face
Minuit sonne déjà en fin de matinée,
Tu es si beau, si jeune, et mon âme est si lasse
Que j'aimerais, petit, m'endormir à ta place
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Merci à Jean-Paul Sermonte pour les corrrections
Transcripteur : joelafouine |
Un chef d'œuvre méconnu presque inclassable!
Merci Mophee, je la trouve tres belle comme chanson …
Je jurerai que c'est Michel Houellebecq…c'est la même voix, et le même style d'interprétation.
Allez, un p'tit cadeau pour Fredsandra.
Elle est un peu tristoune cette chanson quand même…
[merci pour les paroles]
Je viens de demander ce morceau en requête et j'ai plombé l'ambiance. Quoiqu'il en soit je m'incline devant la beauté du texte très émouvant.
Gardez la pêche les bidonautes et surtout restez maîtres de votre véhicule sur la route. Biz.
C'est le retour de Jean Meran !! Vive les libertaires et longue vie à l'anarchie !
J'ai trouvé! C'est lui a écrit pour les Tranxen 200! Mais si… "L'hémorrage de tes désirs s'est éclipsée sous l'azur bleu dérisoire…". C'est le même genre de paroles non?
N'est pas Gérard de Nerval qui veut…
Le nouveau prophète… Quel Charisme!!
ben là pour une fois j ai arreté de rire et j ai vraiment trouvé cette chanson chouette merci…………………
Il n'y a pas à dire, les alexandrins, ça a une certaine classe.
Ah ouais ! Trop beau ! Et pis ça sent le vécu. Donc, un jeune qui rate son virage à moto, c'est le symbole de la liberté, de la rébellion contre la société. Tu vois, la route, ça représente la société, qui veut que tu suives un chemin tout tracé. Mais lui, le motard, non, il est cool, y fait ce qu'y veut, y quitte la route si y veut, le jeune. Allez, jeunes motards du monde entier, unissons-nous ! Jetons-nous tous dans le fossé ! Ca la fera bien chier, la société !
Ah oui, justement, "sassiété", j'aurais plutôt écrit "satiété"… mais tu as raison, l'orthographe n'est qu'un carcan de plus inventé par la société ! ;) Féson dé fôte, sa leurs feurat bien chié a la sossiété !
Ca plombe pas un peu l'ambiance un morceau pareil, enfin en boum je suis sur que ca doit vider la piste :)
Y'a un peu de Lavillier dedans non ?
J'ai l'impression qu'il y a comme une réminescence du "Dormeur du val", là … Vous ne trouvez pas ?
A toute fin utile, voici le texte d'Arthur Rimbaud :
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
Enfin moi j'dis ça j'dis rien (ça c'est du mds, pas du Rimbaud)…
Moi aussi, j'ai pensé au poème de Rimbaud. Le texte est réaliste et très bien écrit ; même s'il est triste, je l'aime bien.
Pareil, j'ai tout de suite pensé à ce poême…
Justement, il ne faut en aucun cas ôter le casque à un motard accidenté.
Bien fait ! Il avait qu'Ã pas rouler comme un con …
C'est plus du slam (avant l'heure) qu'une chanson. Mais sponsorisé par la Prévention Routière, peut-être ?
Le visage de ce monsieur ressemble à un mixage entre Rellys et Philippe Candeloro !!!
Litteralement, "Allez les enfants, soyez libres de faire ce qu'il vous plait et allez donc vous planter en moto de temps en temps, c'est la contrepartie inevitable mais c'est comme ca."
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