Pendant l'interminable hiver arctique, quand le temps de l'abondance est passé, les esquimaux du grand nord canadien restent parfois plusieurs jours sans sortir. Jour est une façon de parler, d'ailleurs, car dehors les jours sont extrêmement courts. Sur l'immensité blanche et glacée se déchaîne Anouri, l'esprit de la tempête. C'est de lui d'ailleurs que viendrait le mot anorak. Quand il hurle, bourrasques blanches qui gèlent le visage, les cils, les mains, les pieds.
Mais à l'intérieur de l'igloo, cette ruche de neige, il fait bon. Chacun s'occupe, les hommes bricolent, les femmes cousent, les enfants jouent ; on chantonne en même temps ou bien on discute. Les lampes à huile projettent sur les murs de longues ombres dansantes.
Pendant ces veillées qui se prolongent très tard, les Inuits (c'est ainsi que les esquimaux s'appellent entre eux) racontent de fantastiques histoires où les esprits et les animaux s'animent étrangement.
Vous êtes prêts à en écouter une, n'est-ce pas ?
Par exemple, savez-vous comment est née la rivière Coppermine, au nord du Canada ?
Il y a bien longtemps, une jeune fille qui s'appelait Itiktajat était sortie chercher du bois. C'était au printemps. Un gros ours flairant ses traces la poursuivit. La jeune fille s'en aperçut. Aussitôt elle se laissa tomber dans la neige, faisant croire qu'elle était morte. L'ours la ramassa et l'emporta chez lui où l'attendaient sa femme et deux oursons turbulents.
«Voici de quoi manger » dit-il en arrivant.
Et il jeta la petite Itiktajat sur le sol. Celle-ci ne bougeait toujours pas et faisait la morte.
« Papa, papa, mangeons-la tout de suite
- Non, non, tout à l'heure. Oh, cette marche m'a épuisé. Je veux dormir un peu d'abord. Laissez-moi tranquille et surtout pas de bruit, hein. »
Cela dit, il s'endormit.
« (Ronflements) »
Bientôt le sommeil gagna aussi la mère et les oursons. Itiktajat resta encore un moment sans bouger, les yeux clos. Tout le monde ronflait. Alors elle ouvrit un œil puis d'un bond se précipita dehors dans une course folle. L'ours, que le bruit avait réveillé, s'était élancé à sa poursuite.
« Cette fois-ci, tu ne m'échapperas pas. »
La jeune fille était hors d'haleine, l'ours gagnait du terrain. Alors Itiktajat arriva devant un ruisseau, un de ces petits ruisseaux qu'on saute facilement, elle le franchit, s'arrête, se retourne puis en se penchant dessus, elle trace dans l'eau un sillon avec son doigt et prononce ces mots :
« Rivière, rivière, passe par ici »
Et une large rivière se met à couler, coupant la route à l'ours qui justement arrivait là -bas de l'autre côté.
« Mais comment as-tu passé cette rivière ?
- Je l'ai bue »
Aussitôt l'ours se met à plat ventre, son gros nez dans l'eau, et il commence à boire, à boire, à boire…
« (Lapements) »
Il but tellement qu'il en éclata. Ce qui projeta dans le ciel un gros nuage en forme d'ours.
Voilà comment s'est formée la rivière Coppermine, au cours parsemé de splendides cascades.
Ce disque a été réalisé pour vous par les glaces Gervais.
Transcripteur : Dam-Dam |
Vous apprendrez dans cette légende que boire de l'eau c'est dangereux. Du coup, mangez des glaces.
Le retour du Gros Ours.
Claude: mais là , c'est à lui qu'on a fait un truc pas cool.
Pour l'anecdote, il est conseillé de faire le mort quand on se retrouve face à certains ours, notamment des grizzlys… Cette histoire montre que ce n'est pas forcément une bonne idée.
Le texte: [Merci et chapeau]
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