Il y a quelques années, avec Napster d’abord, Audio Galaxy, KaZaA et autres Morpheus ensuite, les internautes de la planète découvraient le principe du « Peer to Peer » (en abrégé : P2P) : la possibilité d’échanger des fichiers via Internet. Rien de répréhensible à ça. Du moins tant qu’il s’agissait de documents dont vous étiez l’auteur, et donc le titulaire des droits.
Les choses se sont gâtées quand des petits malins ont commencé à user de ce moyen pour agrandir leur collection de disques personnelle. Rien de compliqué à cela ; il suffit de permettre à n’importe quel internaute d’accéder à une partie du disque dur de votre ordinateur.
Celle où, par exemple,se trouvent les fichiers MP3, support idéal pour stocker numériquement de la musique … Sauf que la manœuvre est parfaitement illégale, puisque toute personne qui télécharge ne serait-ce qu’une chanson sans en acquitter les droits enfreint la loi …
Avec l’émergence du P2P, les firmes de disque ont rapidement trouvé un bouc émissaire idéal : les échanges de fichiers sur Internet seraient LE responsable des diminutions de vente de disques constatées un peu partout dans le monde. Un raccourci un peu simpliste ! Si les ventes de disques ont diminué, c’est parce que le budget des consommateurs s’est ouvert à d’autres centres d’intérêt : jeux vidéo, GSM, photo numérique, voyages, … Et puis les majors du disque ont une lourde responsabilité dans la situation actuelle.
Premier point : le prix des disques. La politique tarifaire est souvent incompatible avec le budget des ados.
Deuxième point : le laxisme. En ne rééditant pas certains enregistrements, les firmes de disque ont de facto refusé d’accéder à la demande des consommateurs … qui ont dû se « débrouiller » pour trouver, via Internet, ce qu’ils cherchaient.
Troisième point : la création musicale. Par sa soif de profits à court terme, le monde du disque a oublié de favoriser l’émergence de vrais artistes dont la carrière traverserait le temps et les modes. Des chanteurs à l’œuvre suffisamment nouvelle et forte pour que leurs chansons soient reprises quelques années plus tard par des moins doués où des plus opportunistes, le tout permettant de générer de nouvelles ventes …
L’autre grosse faute de l’industrie du disque, c’est de ne pas avoir vu le monde évoluer.
L’émergence d’Internet - et des systèmes P2P- a modifié notre façon de vivre et de consommer. « Je n’ai pas envie de devoir rentrer dans un magasin disques : je veux cette chanson ici et maintenant. Que me proposez-vous ? »
Face à cette question, les majors ont cherché à gagner du temps. Cette « mode » n’allait-elle pas disparaître aussi brutalement qu’elle était apparue ? Au lieu de précéder – ou a tout le moins d’accompagner- la demande, les géants de l’édition musicales se sont longtemps confinés dans l’immobilisme.
Visiblement, les choses sont, enfin, en train de changer.
Comme on pouvait s’y attendre, l’arrivée aux Etats-Unis de l’i Tunes Music Store a eu pour conséquence une diminution du trafic P2P illégal et permis un décollage foudroyant des achats de musique en ligne. Début Juillet, Apple annonçait avoir atteint le cap des cent millions de chansons vendues légalement sur son site.
Pour info, a lui seul, le groupe Outkast aurait vu sa chanson « Hey Ya » téléchargée – et payée- plus de 320.000 fois.
" extrait d'un article paru dans le Télémoustique (hebdo belge) (Pas de signature)"
Musique, ….